Personne, ni même moi, ne sait quoi que ce soit d’intéressant sur mon enfance… Je n’ai jamais connu mes parents et ai été élevée dans un orphelinat jusqu’à mes huit ans. Ce n’était pas toujours la joie, mais je profitais de la vie comme je le pouvais. Une famille a fini par me prendre sous sa charge, mais les choses ne se sont pas arrangées pour autant… Ils avaient déjà une fille, de mon âge, qui était une véritable peste. Elle me faisait des crasses pour faire croire que j’étais une gamine insupportable et ainsi espérer qu’on me renvoie d’où je venais. Je me souviens que certains soirs, je l’espionnais pour essayer de la prendre la main dans le sac en train de me tendre un piège…
Les parents de la famille ne rattrapaient certes vraiment pas le caractère exécrable de la fille ; elle, la mère, n’était jamais là, toujours en train de travailler, et lui, il était au contraire trop présent. Si l’orphelinat a accepté qu’ils m’emmènent, c’est parce qu’ils ont déboursé une bien belle somme d’argent. Je ne valais pas ce prix, à moins qu’ils ne me considèrent pas comme une enfant, mais plus comme un objet de laboratoire sur qui tester de nouvelles idées saugrenues. Jusqu’à ce que j’aie 15 ans, j’ai gardé tout ce qu’il se passait sous leur toit secret ; mais il arrive un moment où on ne peut plus se taire et où l’aveu prend place.
Le père a été incarcéré pour tortures et abus sur mineur. Le détail de ce qu’il me faisait n’a jamais éclaté au grand jour, et je crois que je préfère encore le garder à jamais enfoui quelque part dans ma mémoire. Je me souviens encore du jour où l’on m’annonçait que j’avais une famille ; ils étaient mon rayon de soleil, ma liberté… Mais tout s’est si vite transformé en cauchemar qu’à l’heure actuelle, je suis incapable de m’attacher à qui que ce soit. Plutôt mourir que de connaître une nouvelle fois ce bonheur engouffré sous tant de souffrance.
La mère a été disculpée, n’étant même pas au courant de ce qui se tramait dans sa propre maison, trop intéressée par ses petites affaires et bien trop égoïste pour ouvrir les yeux. La fille a, parait-il pris la fuite. Je ne sais absolument pas ce qu’elle est devenue, la jeune complice au regard vitreux. De mon côté, j’ai fait de même. J’ai fui, comme j’ai pu, aussi rapidement et aussi loin que possible. Un jour, je les retrouverais et je me vengerais… Mais maintenant, je me retrouve à travailler pour la famille royale. Domestique est un métier mal payé, mais pour une enfant des rues, c’est amplement suffisant…
Erika est une jeune demoiselle pétillante dont la bonne humeur est visible rien qu’en un clin d’œil du côté de son visage d’enfant. De grands yeux brillants et un large sourire sont ses marques de fabrique. Ses cheveux mi-longs, bruns, se mélangent en pagaille autour de ses traits fins et de sa tenue de travail de domestique – qu’elle a absolument voulue rouge, sous peine de crise de nerfs peu sympathique ! Plutôt petite et maigrichonne, on ne lui donnerait pas plus de 15 ans et on mourrait d’envie de la prendre dans ses bras et de jouer avec elle tout le restant de notre vie. Une véritable petite boule d’énergie à la peau d’ange et au regard rieur et affectif. Comme quoi, les apparences sont parfois trompeuses…
by Musca de
Erika Sven
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