Mon histoire est celle d’une jeune fille un peu perdue dans un monde où la féminité n’a jamais eu sa place. Je n’ai presque pas connu mon père, toujours à courir après l’armée adverse jusqu’à ce que ce lui soit fatal, mais je l’ai toujours placé sur un piédestal. Ma mère quant à elle, avait à peine de quoi survivre et se débrouiller ; n’étant pas qualifiée pour exercer un métier stable et n’ayant pas une once de sang noble dans les veines, sa vie était déjà toute tracée. Mon frère, Nobu, et moi l’aidions comme on pouvait, sauf que rien de ce que nous ne faisions n’était légal… Ça nous a d’ailleurs souvent posé quelques soucis.
J’ai donc appris à me débrouiller seule, Nobu m’aidait beaucoup ; il me protégeait, mais sans qu’il ne le sache vraiment, je partais de mon plein gré vadrouiller toute seule dans les terres des Sans Nom. Je devais apprendre à devenir autonome, je ne voulais pas finir comme maman, à avoir du mal à joindre les deux bouts… Je voulais me prendre en main. Grandir. Et vite. J’allais souvent « espionner » l’armée, en espérant y croiser mon père, mais toujours en vain. Puis finalement, à force de m’intéresser aux soldats, ça a commencé à se transformer en passion… La surveillance, la vivacité dont ils faisaient preuve m’impressionnait. Puis ils étaient logés et nourris, ils ne manquaient de rien et devaient simplement être fidèles. Plus je les observais, plus j’avais envie d’en être.
Mon frère est parti vivre sa vie ; lui qui était toujours si hargneux envers la société et son fonctionnement… Je l’ai suivi de près, j’avais décidé de devenir soldat. Seulement là-bas, une femme n’a pas le même statut qu’un homme. J’ai toujours eu un physique androgyne, alors pour une fois, j’ai décidé de m’en servir. Je suis entrée dans l’armée à l’âge de 18ans ; me faisant passer pour un garçon puisque Rei, c’est un prénom mixte. J’ai modifié ma voix, ma façon d’être, tout. Je suis devenue une Sans Nom, je suis devenu un soldat.
Avec Nobu, on jouait tout le temps à des jeux de garçons, on faisait la course et des concours de crachats… Je n’ai jamais vu l’ombre d’une poupée, c’est dans ma nature, alors pourquoi ne pas en jouer ? Jusqu’ici, personne ne l’a découvert ; je fais bien attention lorsqu’il faut me changer, je me comporte parfaitement bien pour ne pas risquer d’être convoquée je ne-sais-ou, et surtout, même si maintenant mon unique raison d’être est de protéger ma patrie, je fais tout pour ne pas être blessée. Même le médecin militaire, il n’est au courant de rien…
Petite, elle était très mignonne et féminine. Aujourd’hui, on la confond vraiment aisément avec un homme, se faire passer pour tel ne lui pose donc pas de véritable souci. Plutôt fine, sans hanches ni poitrine, elle a le visage légèrement creusé bien qu’une impression de force et de détermination soit omniprésente. Les traits durs, le regard perçant, on sent que c’est quelqu’un qui ne lâche pas prise facilement et va toujours au bout de ce qu’elle entreprend. Plutôt petite, quoique dans la moyenne, même si on la trouve masculine, elle a des moments de faiblesse où on la sent nettement plus frêle et vulnérable – notamment lorsqu’il fait orage, chose qu’elle déteste par-dessus tout (pas de véritable peur, juste une insécurité très forte).